Retour sur le flop nippon avec la GT-R LM Nismo.
- Stéphane CAVOIT
- 3 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr.
Dix ans après, retour sur un échec aussi spectaculaire que mémorable. En 2015, Nissan tentait un retour ambitieux en LMP1 avec la GT-R LM Nismo. Une aventure qui vira au fiasco : le constructeur japonais ne tint qu'une saison, marquée par une unique course aux 24 Heures du Mans, révélant au grand jour les failles d'un programme mal conçu.

Début 2015, le prototype LMP1 de Nissan est aperçu sur le Circuit des Amériques lors d'une séance d'essais. Une rumeur persistante se confirme alors : le constructeur japonais a choisi un concept audacieux avec un moteur placé à l'avant. Nissan multiplie les essais aux États-Unis, orchestrant habilement sa communication pour entretenir le buzz. C'est finalement début février, lors du Superbowl, que la GT-R LM Nismo est officiellement dévoilée. Son concept surprend et laisse de nombreux observateurs sceptiques. Pendant ce temps, les essais s'enchaînent et les rumeurs se multiplient : le comportement de la voiture inquiète certains pilotes. Les tests sont souvent stoppés prématurément et Nissan doit faire l'impasse sur le début de saison du WEC. Absentes à Silverstone et Spa-Francorchamps, les GT-R LM Nismo poursuivent leur développement outre-Atlantique en vue des 24 Heures du Mans.

En interne, les problèmes s'accumulent. Marc Gené quitte les équipages, officiellement pour devenir conseiller, mais surtout par refus de piloter la GT-R LM Nismo. Parallèlement, Nissan entretient l'attention médiatique en exposant un châssis de démonstration lors des courses WEC et en annonçant une livrée rétro pour l'un des trois prototypes engagés au Mans. Finalement, le 31 mai 2015, les Nissan prennent la piste publiquement lors de la Journée Test des 24 Heures du Mans. Le roulage est limité et les chronos inquiétants. Une semaine plus tard, les trois Nissan se présentent au Pesage dans le centre-ville du Mans, sous l'œil de milliers de curieux. La grande semaine mancelle est lancée, et Nissan ne peut plus reculer.

Les séances d'essais sont catastrophiques : les chronos sont à 25 secondes des meilleurs concurrents en LMP1 et les difficultés s'enchaînent. Pire, aucune des trois Nissan ne se qualifie dans la limite imposée des 110 %. Les protos sont finalement repêchés par les commissaires et autorisés à prendre le départ depuis le fond de la grille.

Le 14 juin 2015, à l'arrivée des 24 Heures du Mans, une seule GT-R LM Nismo franchit le drapeau à damier. Nissan clame avoir "accompli sa mission", mais l'unique prototype rescapé accuse 153 tours de retard sur l'équipage vainqueur et n'est même pas classé. Rapidement, Nissan renonce au reste de la saison, annonçant vouloir mieux préparer 2016. Des essais ont lieu en décembre, mais juste avant Noël, la marque japonaise annonce brutalement la fin de son programme LMP1. Tous les châssis et éléments de compétition sont détruits. Seule subsiste une coque vide de démonstration, visible lors de quelques expositions. Ainsi, l'ambitieux projet GT-R LM Nismo se solde par un échec retentissant, marquant une page sombre de l'histoire sportive de Nissan.
Crédit photos : Willy CHANTELOUP - Stéphane CAVOIT / RACINGSHOOTS